Denuncias por vivienda

Contra la vivienda indigna. V de Vivienda. Todos juntos podemos.

jueves, agosto 16, 2007

La crise financière bouscule le projet de hausse des taux de la BCE

Pierre-Antoine Delhommais et Claire Gatinois/ lemonde
(16/08/07)


C'est la grande question monétaire de la rentrée. La Banque centrale européenne (BCE) va-t-elle relever ses taux directeurs au mois de septembre, comme elle l'avait annoncé il y a quelques semaines ? Ou va-t-elle choisir de différer son geste compte tenu de la crise financière actuelle et de l'annonce de mauvais chiffres de croissance au premier trimestre dans la zone euro?

Au début du mois d'août, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, avait réaffirmé sa "grande vigilance" vis-à-vis des risques inflationnistes, laissant par cette formule clairement entendre qu'un resserrement de la politique monétaire européenne était imminent – les économistes pariant pour un relèvement d'un quart de point de son principal taux directeur, aujourd'hui fixé à 4 %.

"Nous pensons qu'il y a dans la situation présente un certain nombre de risques qu'il nous faut contrer, avait expliqué M.Trichet. La forte inflation, c'est un peu de la drogue, cela vous donne des satisfactions immédiates mais ensuite vous le payez cher. C'est ce que tous nos concitoyens pensent."

Mais, depuis ces déclarations, une tempête d'une grande violence a soufflé sur les places financières, reléguant au second plan les préoccupations inflationnistes. Affecté par les défaillances sur le marché américain des crédits immobiliers à haut risque (subprime mortgage), le système bancaire s'est retrouvé au bord de l'asphyxie, tandis que les marchés boursiers ont lourdement chuté.

Cette panique a obligé les banques centrales à intervenir massivement en apportant de l'argent frais aux différents acteurs financiers. La BCE a été la plus active, en injectant plus de 250 milliards d'euros, une opération qui a pour effet de provoquer un gonflement de la masse monétaire, donc en totale contradiction avec son discours de vigilance anti-inflationniste.

"La BCE a besoin de crédibilité"

Pour sa défense, la BCE fait valoir que son action a présenté un caractère exceptionnel, destinée à répondre à des tensions elles aussi exceptionnelles, et qui ne remet nullement en cause sa stratégie monétaire de long terme, focalisée sur l'inflation. Pas question pour elle, dans ces conditions, de renoncer à sa hausse des taux du mois de septembre.

D'autant qu'un tel revirement risquerait d'être interprété comme une preuve supplémentaire de la gravité de la crise. Il pourrait aussi porter atteinte à la crédibilitéde l'institut d'émission : la parole de M. Trichet perdrait de sa valeur auprès des opérateurs de marché.

"La BCE a besoin de crédibilité, c'est une jeune institution", remarque Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès. Il ajoute que la communication de la BCE est déjà fréquemment critiquée et qu'un tel changement de cap provoquerait de nouveaux reproches.

Mais une nouvelle remontée des taux pourrait de la même manière déclencher une polémique. D'une part auprès des investisseurs qui pourront accuser la BCE d'attiser la crise en resserrant le crédit à un moment où les marchés ont au contraire un besoin de liquidités. D'autre part auprès des dirigeants politiques européens à un moment où la croissance s'essouffle.

Selon les données fournies mardi 14 août par Eurostat, le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro n'a progressé que de 0,3 % au deuxième trimestre, après 0,7 % au premier.

"Une hausse des taux d'un quart de point ne ferait perdre que quelques dixièmes de point de croissance, mais ce n'est pas négligeable en période de faible expansion", note M.Bouzou. Un renchérissement du coût du crédit pénaliserait les investissements des entreprises et la consommation des ménages.

Dans ces conditions, l'objectif du gouvernement français d'atteindre une croissance comprise entre 2,25 % et 2,5 %, déjà largement compromis, s'éloignerait encore davantage.

De quoi provoquer la colère du président de la République, Nicolas Sarkozy, qui avait déjà vivement attaqué la stratégie de la BCE pendant la campagne électorale. Il l'avait notamment rendue responsable de la flambée de l'euro, aux effets dévastateurs, selon lui, pour les exportations.

Une hausse des taux directeurs de la BCE aurait pour conséquence de rendre l'euro plus rémunérateur et donc de faire monter ses cours, sur le marché des changes, face aux autres grandes devises. D'autant que la BCE se retrouverait isolée dans son action.

La Réserve fédérale américaine, pas plus que la Banque du Japon ou la Banque d'Angleterre, n'envisage pour l'instant de resserrement de sa politique monétaire.

Pour l'heure, les dirigeants français ont fait le choix de ne pas déclencher de polémique et de rester silencieux.

Counter
Site Counters